Ce blog pour construire par petites touches un état des lieux de la lecture à Madagascar. Espaces et pratiques de lecture, portraits des acteurs de la chaine du livre, qu'ils soient écrivains, libraires, éditeurs ou bibliothécaires, compte-rendus de manifestations, nouvelles parutions, tous ces thèmes et bien d'autres encore seront traités dans ces pages.


mercredi 1 septembre 2010

Un écrivain aviateur : Hery Mahavanona

On peut parler d'un parcours hors du commun en ce qui concerne Hery Mahavanona, le nom de plume d'un général de l'Armée de l'Air, Herison Andriamihafy. Né en 1953 à Mananjary il s'engage à 18 ans et part en France poursuivre ses études à l'Ecole de l'Air de Salon-de-Provence. Ses premiers poèmes datent de cette époque et vont constituer l'ossature d'un premier recueil Urgence d'écriture pour l'émergence annoncée du Mont Ikongo qui paraîtra bien plus tard, en 1999 à La Réunion.
De retour à Madagascar, il sert dans l'armée puis dans l'aviation civile et continue d'écrire. Désormais ses écrits se recentrent sur le pays Tanala où il est né et auquel il s'identifie puisqu'il a choisi comme pseudonyme le nom de son village. En 2004 paraît un deuxième recueil Lumière océane du petit matin entièrement dédié à cette région forestière d'où il est originaire. Ce retour aux sources se poursuit dans Cauchemar de chlorophylle qui paraît en 2008 à Tananarive aux Editions Tsipika, illustré par ses propres photos.
Hery Mahavanona a aussi donné des nouvelles dans plusieurs recueils : Chroniques de Madagascar et Nouvelles Chroniques de Madagascar (Sépia, 2008 et 2009), Escales en mer indienne (Riveneuve Continents, 2009).


[...]
mes yeux se brouillent de menaces de crues
quand je vois
ce peuple prostré dans son indolente passivité
perméable à toutes les ruses de l'arrivant
ne voyant pas plus loin que le bout de sa pitance
son ventre à remplir par les festins de propagande
riz à la morue séchée salée à mort
haricots secs sans un soupçon de viande
et galeoka à volonté
présenté dans des fûts à l'entrée des villages
de quoi s'assurer le plein de voix à chaque consultation
avec quelques tee-shirts et casquettes
trophées arborés jusqu'à l'usure du tissu
sa blancheur originelle à l'épreuve du temps
et des intempéries
si ce n'est la pénurie de savon
ou son coût prohibitif chez l'usurier de service
mes yeux se brouillent de menace de crues
quand je vois ce peuple
incapable de creuser les sillons de son propre avenir
je m'épuise en vaines invectives
pour le sortir de sa torpeur chronique
il y a des jours, Mère,
où mon courage faiblit
relâchement interdit que j'expierai au prix fort
au jugement de l'Histoire
je le sais...

(extrait de : Cauchemar de chlorophylle)

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