Ce blog pour construire par petites touches un état des lieux de la lecture à Madagascar. Espaces et pratiques de lecture, portraits des acteurs de la chaine du livre, qu'ils soient écrivains, libraires, éditeurs ou bibliothécaires, compte-rendus de manifestations, nouvelles parutions, tous ces thèmes et bien d'autres encore seront traités dans ces pages.


jeudi 20 janvier 2011

Un bibliopousse à Antsirabe

Le site Kisskissbankbank fait état d'une initiative de promotion de la lecture et des livres à Antsirabe à travers un bibliopousse qui circule dans les quartiers afin d'apporter des livres aux enfants. Un deuxième pousse est prévu, destiné aux adultes. Les initiateurs de ce projet collectent des fonds pour le réaliser : fabrication du véhicule, salaires du tireur et de l'animateur, acheminement des livres etc...

Photo copiée sur le site de Kisskissbank

vendredi 8 octobre 2010

Un portail consacré à la littérature malgache

Le site Ny Haisoratra Malagasy est consacré à la littérature malgache, plutôt en langue malgache, mais certaines rubriques sont bilingues. Il faut fouiller dans toutes ses pages pour y dénicher des choses intéressantes, en particulier en matière de bibliographie. Une initiative donc intéressante.
Un regret : la lecture en est rendue difficile par l'absence des lettres accentuées (pour les parties en français bien sûr... ) remplacées par de bizarres points d'interrogation...

mercredi 6 octobre 2010

Les bouquinistes d'Ambohijatovo

Pour acheter des livres à bas prix, voire pour en louer, rien ne vaut le marché des livres d'occasion d'Ambohijatovo, dans le centre de Tananarive.
Des dizaines de stands proposent des ouvrages divers, essentiellement des manuels scolaires français, des dictionnaires et des revues diverses. On y trouve également en petite quantité des livres de poche, des livres pour enfants et des livres en malgache. On peut y faire des découvertes, à condition d'être un habitué, car ces ouvrages ne sont pas exposés : livres anciens, livres sur Madagascar, belles collections (Pléiade, Terre Humaine,...).
Ce marché se prolonge un peu sur les trottoirs environnants. "Le manuel du bibliothécaire" de l'A.B.F. dans une édition déjà un peu ancienne y attendait un plus qu'hypothétique acheteur il y a quelques jours.
Evidemment les prix fluctuent en fonction de la tête du client et de sa capacité à marchander...
D'où proviennent tous ces livres ? De particuliers certainement, mais aussi des dons qui arrivent par containers entiers à Madagascar, sans parler des provenances encore plus louches...



jeudi 30 septembre 2010

Johary Ravaloson, l'écrivain "dégagé"

"Auteur dégagé" selon sa propre formule ("Je ne réponds pas à une commande idéologique ni commerciale.") , Johary Ravaloson exerce ses talents dans de multiples directions, puisqu'il est à la fois romancier reconnu, nouvelliste, dramaturge, vidéaste, plasticien, écrivain voyageur, éditeur et néanmoins juriste confirmé.
Né à Antananarivo en 1965, il vit et travaille dans cette ville après un grand détour par la France et l'île de La Réunion. L'écriture n'étant pas sa seule forme d'expression, il aime, en complicité avec son épouse la plasticienne Sophie Bazin, se confronter à différents moyens d'expression artistiques.
Il s'attache à la défense symbolique du dodo, oiseau disparu, emblématique des oubliés du progrès, et navigue entre des mondes en disparition.
Publié en 2008, son livre "Zafimaniry intime / Zaho Zafimaniry" ( Editions Dodo Vole à La Réunion) est un carnet de voyage bilingue français et malgache, la relation d'un voyage, un très long voyage puisqu'il s'échelonne sur 10 ans, au pays des Zafimaniry dans cette région des hauts-plateaux malgaches où vivent dans les brumes ces sculpteurs de bois dont le savoir-faire et le talent sont reconnus par l'UNESCO au titre du patrimoine immatériel de l'humanité. Au-delà d'un simple récit de voyage, ce livre plonge le lecteur dans une réflexion sur le passé et l'avenir de Madagascar.
Ce livre a reçu plusieurs prix dont celui du Regard poétique au salon d'Ouessant.
Pour prolonger ce travail, Johary Ravaloson et Sophie Bazin viennent de publier un nouvel ouvrage consacré aux Zafimaniry "Zahay Zafimaniry", fruit d'un travail en atelier d'écriture avec les enfants d'Antoetra, le village principal de cette région.
Quant à ses nouvelles, elles nous plongent dans la réalité
malgache, une réalité qui est parfois sordide dans la capitale.
Son roman "Géotropiques" est sous presse aux Editions Vents d'ailleurs. On l'attend avec impatience.
Pour tout savoir sur Johary , une visite sur son blog s'impose .

Bibliographie :

- Géotropiques
, roman, éditions Vents d'Ailleurs, La Roque d'Anthéron, 2010.

- "Fouha! Fouha!", extrait de Vol à vif, roman inédit, in Carnavalesques, n°4, spécial îles de l'océan indien, Editions K'A et Aspect, Ille-sur-Têt, 2010.

- "Antananarivo, qu'est-ce que j'ai foutu depuis tout ce temps ? " (Fragments IV), nouvelle, Nouvelles de Madagascar, collection Miniature, éditions Magellan, Paris, 2010.

- "Antananarivo en septembre, la ville des mille p... " (Fragments III), nouvelle, in Langue vive, n°5, Liège, 2009.

- "Antananarivo, ainsi les jours fumeux " (Fragments II), nouvelle, in "Escales en mer indienne", Riveneuve continents, n°10, Paris, 2009.

- "Antananarivo, ainsi les jours pluvieux" (Fragments I), nouvelle, Nouvelles chroniques de Madagascar, Sépia, St-Maur, 2009.

- Zahay Zafimaniry, album jeunesse trilingue, avec les photographies de Sophie Bazin, éditions Dodo vole, La Réunion, 2010.

- L'arbre graine, album jeunesse, avec les peintures de Jean Paul Barbier, éditions Dodo vole, La Réunion, 2009.

- Zaho Zafimaniry, Zafimaniry intime
, carnet de voyage bilingue, avec les photographies de Sophie Bazin, éditions Dodo vole, La Réunion, 2008.

- "Senghor et moi ou le radotage d'un naïf en bonne compagnie", article, Senghor et sa postérité littéraire, dir. Dominique Ranaivoson, Université Paul Verlaine, Metz, 2008.

- Les larmes d'Ietsé, roman, extrait publié dans la revue l'Archipel des lettres n°2, Ouessant, mai 2008.

- "La légende de la fée mère-de-mon-bonheur-et-de-ma-lumière", nouvelle, Le Reposoir, catalogue des installations de Sophie Bazin, éditions Tsilaosart, La Réunion, 2007.

- "Bagatelles pour une limonade", nouvelle, Le camp des innocents, recueil des textes récompensés par le Prix Williams Sassine, éditions Lansman, Bruxelles, 2006.

- "Rumeurs de feu", nouvelle, Chroniques de Madagascar, Sépia, Saint Maur, 2006.

- Heurt-terres et frappe-cornes, nouvelle, collection Plum'Art, éditions du chameau, Dozulé, 2005.

- La porte du sud, nouvelle, collection Prix de l'Océan Indien, Orphie éditions, La Réunion, 2003.

- Padar à Tana, carnet de voyage, Tsimatory éditions, Antananarivo, 2003.

- "L'art-existence, formes et figures de la résistance d'hier et d'aujourd'hui", article, Ass. Racine Kaf, La Réunion, 2001.

- Liberté plastiK, carnets d'une exposition itinérante, éditions Grand Océan, La Réunion, 2000.

- "Au pays Zafimaniry, les enfants du désir", reportage, Korail Océan Indien, n°49, La Réunion, 1999.


mercredi 1 septembre 2010

Un écrivain aviateur : Hery Mahavanona

On peut parler d'un parcours hors du commun en ce qui concerne Hery Mahavanona, le nom de plume d'un général de l'Armée de l'Air, Herison Andriamihafy. Né en 1953 à Mananjary il s'engage à 18 ans et part en France poursuivre ses études à l'Ecole de l'Air de Salon-de-Provence. Ses premiers poèmes datent de cette époque et vont constituer l'ossature d'un premier recueil Urgence d'écriture pour l'émergence annoncée du Mont Ikongo qui paraîtra bien plus tard, en 1999 à La Réunion.
De retour à Madagascar, il sert dans l'armée puis dans l'aviation civile et continue d'écrire. Désormais ses écrits se recentrent sur le pays Tanala où il est né et auquel il s'identifie puisqu'il a choisi comme pseudonyme le nom de son village. En 2004 paraît un deuxième recueil Lumière océane du petit matin entièrement dédié à cette région forestière d'où il est originaire. Ce retour aux sources se poursuit dans Cauchemar de chlorophylle qui paraît en 2008 à Tananarive aux Editions Tsipika, illustré par ses propres photos.
Hery Mahavanona a aussi donné des nouvelles dans plusieurs recueils : Chroniques de Madagascar et Nouvelles Chroniques de Madagascar (Sépia, 2008 et 2009), Escales en mer indienne (Riveneuve Continents, 2009).


[...]
mes yeux se brouillent de menaces de crues
quand je vois
ce peuple prostré dans son indolente passivité
perméable à toutes les ruses de l'arrivant
ne voyant pas plus loin que le bout de sa pitance
son ventre à remplir par les festins de propagande
riz à la morue séchée salée à mort
haricots secs sans un soupçon de viande
et galeoka à volonté
présenté dans des fûts à l'entrée des villages
de quoi s'assurer le plein de voix à chaque consultation
avec quelques tee-shirts et casquettes
trophées arborés jusqu'à l'usure du tissu
sa blancheur originelle à l'épreuve du temps
et des intempéries
si ce n'est la pénurie de savon
ou son coût prohibitif chez l'usurier de service
mes yeux se brouillent de menace de crues
quand je vois ce peuple
incapable de creuser les sillons de son propre avenir
je m'épuise en vaines invectives
pour le sortir de sa torpeur chronique
il y a des jours, Mère,
où mon courage faiblit
relâchement interdit que j'expierai au prix fort
au jugement de l'Histoire
je le sais...

(extrait de : Cauchemar de chlorophylle)

dimanche 8 août 2010

La presse à Madagascar

Après l'introduction de l'imprimerie à Madagascar en 1862 dans les bagages de missionnaires britanniques, le premier journal voit le jour en 1866. Il est bien entendu en langue malgache. C'est d'ailleurs à la même époque que l'orthographe malgache va être fixée.
De nombreux titres vont exister durant la période coloniale (1896-1960), tant en français qu' en malgache.
Aujourd'hui la presse malgache est libre, après avoir connu 15 ans de censure entre 1975 et 1989. Sa vitalité est frappante car on compte une dizaine de quotidiens, dont une grosse moitié est publiée entièrement ou partiellement en français. Cependant les tirages sont très faibles (entre 4 000 et 65 000 exemplaires) et la presse est peu distribuée en dehors de la capitale. Le lectorat est très réduit car une part importante de la population est aujourd'hui encore analphabète et peu de gens disposent d'un budget leur permettant d'acheter un journal (prix environ entre 0,10 et 0,20 €). Pourtant un intérêt existe, vu le nombre de personnes rassemblées chaque matin devant les étals de journaux.
Le second problème de la presse malgache est l'absence d'une véritable école de journalisme. 90 % des journalistes se sont formés sur le tas et ce manque de professionnalisme nuit à la qualité des articles (manque de recul et d'analyse approfondie). A cela s'ajoutent d'autres difficultés : des moyens matériels insuffisants qui ne permettent pas un véritable travail d'investigation, et des rémunérations faibles.

Les titres phares de la presse en langue française sont présents sur le net. En voici la liste :
- L'Express de Madagascar
- Les Nouvelles
- Midi Madagasikara
- La Vérité
- La Gazette de la Grande Ile
- Madagascar Tribune
Ces sites sont complétés par 2 portails d'information en ligne : Madagate et Moov

jeudi 1 juillet 2010

Les CLAC, Centres de lecture et d'Animation Culturelle

Les CLAC sont une initiative de l'OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) qui remonte à 1986 et touche aujourd'hui 225 pays. Il s'agit d'accompagner les états demandeurs pour la mise en place d'espaces de culture et de convivialité.
Le cadre est le suivant : l'Etat prévoit une ligne budgétaire et rémunère le personnel d'encadrement, le commune bénéficiaire met le bâtiment à disposition, l'OIF prend en charge la dotation en livres et équipements, forme les cadres nationaux, assure le suivi du bon fonctionnement et du renouvellement du matériel et contribue au fonctionnement.
L'équipement type est de 2500 livres, des journaux et des revues, des jeux de société, des outils didactiques, du matériel audiovisuel.
22 CLAC ont été créés à Madagascar, répartis dans 13 régions. Ils touchent un public jeune puisque celui-ci représente 75 à 80 % du lectorat. C'est le CEMDLAC (Centre malgache pour le développement de la lecture publique et de l'animation culturelle), une direction à gestion autonome du Ministère de la Culture et du Patrimoine, qui coordonne ces structures, met à leur disposition les fonds documentaires et assure la formation des animateurs.
Ce centre a mis en place dans ses locaux à Tananarive une petite bibliothèque, vitrine des CLAC, qui comprend 3000 ouvrages qui est ouverte au public, ainsi qu'une bibliothèque virtuelle, avec le soutien financier de la Principauté de Monaco.